Qu'est-ce que le modèle Open Access Diamant ?

Dans les années 2010, la communauté scientifique a inventé le modèle de publication Open Access Diamant en réponse aux abus dans le secteur de l’édition scientifique, dominé par les éditeurs commerciaux.

De nombreuses fusions horizontales ont eu lieu dans le domaine de l’édition scientifique dans les années 1990, puis à nouveau dans les années 2000 avec l’essor de l’Open Access. Cela a conduit à une situation dans laquelle plusieurs groupes internationaux (par exemple Elsevier, Frontiers, MDPI, Wiley) détiennent désormais le monopole de la diffusion des connaissances scientifiques et abusent de leur position dominante sur le plan économique.

Le modèle Open Access Diamant a été conçu par la communauté scientifique en réponse à cette situation. Il vise à :

  • Rendre aux chercheurse·s le contrôle de la diffusion scientifique car celle-ci fait partie intégrante du processus scientifique ;
  • Garantir que les ressources fournies par les institutions de financement de la recherche (souvent publiques et donc financées par les contribuables) servent efficacement l’objectif de la diffusion scientifique et la mise en œuvre de critères scientifiques de meilleure qualité ;
  • Préserver les droits de propriété intellectuelle des chercheurse·s sur leurs travaux publiés.

Le modèle Open Access Diamant est essentiellement une approche éthique de la publication scientifique[1]. Il s’agit d’un modèle à but non lucratif qui ne répond qu’à des considérations scientifiques. Conçu par des chercheur·se·s pour des chercheur·se·s, il vise à respecter toutes les parties prenantes, y compris les auteur·rice·s, les lecteur·rice·s et les institutions.

Les principes de l’Open Access Diamant peuvent être résumés comme suit :

  • Un modèle économique qui ne facture pas de frais de traitement des articles (APCs) aux auteurrice·s, qui ne nécessite pas d’abonnement de la part des lecteur·rice·s et qui est stable car il est financé en partie ou en totalité par des ressources institutionnelles et publiques ;
  • Une économie à but non lucratif : tous les bénéfices réalisés par la revue seront entièrement réinvestis dans son développement.
  • L’utilisation de licences Creative Commons (CC-BY) qui garantissent que les auteurrice·s conservent les droits de propriété intellectuelle sur leurs travaux.

Nous sommes actuellement à un tournant, plusieurs organisations internationales encourageant fortement les pays à adopter le modèle Open Access Diamant. En 2023, par exemple, le Conseil de l’Union européenne a souligné que l’Open Access Diamant était l’une de ses priorités pour la diffusion de la recherche, tout en insistant sur le fait que les États membres de l’Union devaient contribuer à ce changement structurel[2]. Dans ce contexte, l’UE a financé divers projets axés sur l’analyse et le développement du modèle (par exemple DIAMAS et OPERAS[3]), tandis que certains États membres ont déjà entrepris des efforts pour favoriser un écosystème Open Access Diamant (par exemple la Finlande, la France, l’Allemagne et les Pays-Bas[4]). Le sommet du G7 qui s’est tenu à Sendai en mai 2023 a également indiqué que l’Open Access Diamant était essentiel pour l’avenir de la diffusion scientifique. Parallèlement, l’UNESCO a mené une enquête mondiale sur l’Open Access Diamant, soulignant qu’il s’agissait de la solution pour éliminer les barrières économiques qui existent encore entre les différentes régions du monde en matière de diffusion scientifique.

[1] Au-delà de principes communs et partagés, il existe un débat constant, dans la communauté scientifique, autour des principes de l’OA Diamant. Par exemple : https://diamasproject.eu/diamas-releases-international-recommendations-and-guidelines-for-diamond-open-access/ and https://www.coalition-s.org/plan_s_principles/.

[2] Council of the European Union, Council Conclusions on High-Quality, Transparent, Open, Trustworthy and Equitable Scholarly Publishing (Brussels, 23 May 2023). URL: https://data.consilium.europa.eu/doc/document/ST-9616-2023-INIT/en/pdf.

[3] Respectivement : https://diamasproject.eu/ and https://operas.hypotheses.org/operas-coordination-team.

[4] Respectivement : https://anr.fr/en/latest-news/read/news/action-plan-for-diamond-open-access/; https://journal.fi/index/index; https://projects.tib.eu/koala/en/; https://openjournals.nl/.